
Une grève , des dividendes et des monstres
À Nantes, la grève des conducteurs de Keolis Atlantique En grève chaque vendredi depuis novembre 2024 dans l’indifférence de la direction n’est pas un simple mouvement social. C’est le cri d’alarme d’un service public en train de se faire dépecer, morceau par morceau, pour nourrir les appétits d’un capitalisme vorace. Et à la tête de cette opération de démantèlement : Marie-Ange Debon.
Une technocrate au service du privé
Diplômée d’HEC Paris et de l’École nationale d’administration (ENA), Marie-Ange Debon a débuté sa carrière en tant que magistrate à la Cour des comptes, avant de gravir les échelons dans le secteur public et privé. Elle a occupé des postes de direction chez France 3, Technicolor, puis chez Suez, où elle a dirigé les divisions internationale et France. En 2020, elle est nommée présidente du directoire de Keolis, une filiale de la SNCF spécialisée dans les transports publics. Depuis sa prise de fonction, elle a transformé Keolis en une entreprise axée sur la rentabilité, au détriment des conditions de travail des salariés et de la qualité du service public.
Keolis Nantes : un modèle de privatisation à l’image des cars Macron
Le parallèle est frappant avec les cars Macron, ce plan gouvernemental qui externalise le transport régional vers des entreprises privées, souvent les mêmes géants du secteur, tout en promettant des lignes “modernes” mais en supprimant des emplois et en compressant les salaires. Les conducteurs de ces lignes subissent concurrence, précarité et transferts forcés, pendant que les dirigeants et actionnaires encaissent des millions.
Keolis et les cars Macron ne sont pas des exceptions : c’est une logique politique et économique où le public finance, les salariés trinquent, et les profits sont privatisés. Seule la solidarité des travailleurs et des usagers peut inverser cette tendance et sauver un service public digne.
Des salaires déconnectés de la réalité
Alors que les conducteurs de Keolis Nantes peinent à joindre les deux bouts, Marie-Ange Debon perçoit un salaire annuel de 450 000 €, selon les rapports officiels de l’Agence des participations de l’État (APE). Cette rémunération, largement supérieure à celle de nombreux travailleurs du secteur public, témoigne d’une déconnexion totale entre les dirigeants et la réalité du terrain.
À la RATP, le PDG Grégoire Poux-Guillaume perçoit 350 000 €, tandis que 3 250 salariés ont été transférés vers des opérateurs privés, avec des salaires stagnants. Chez Transdev, le président Bertrand Meunier touche environ 300 000 €, alors que les employés voient leurs emplois menacés par la privatisation. À la SNCF, Jean-Pierre Farandou gagne 450 000 €, pendant que des milliers de conducteurs et agents subissent concurrence, transferts et conditions de travail dégradées. Partout, les dirigeants encaissent des centaines de milliers d’euros pendant que les salariés perdent dignité, sécurité et revenu.
Des pertes locales, des bénéfices globaux
En 2024, Keolis Nantes a enregistré une perte nette de 1,51 million d’euros sur un chiffre d’affaires de 47 millions d’euros. Pendant ce temps, le groupe Keolis, dirigé par Marie-Ange Debon, a réalisé un chiffre d’affaires de
- 7,7 milliards d’euros et un bénéfice net de 13 millions d’euros.
Cette situation illustre parfaitement la logique du groupe : sacrifier les filiales locales pour maximiser les profits à l’échelle mondiale.
Le soutien de l’Élysée et du MEDEF
Marie-Ange Debon n’est pas seulement une dirigeante d’entreprise. Elle est également vice-présidente du MEDEF International, l’organisation patronale française, et présidente de l’Union des Transports Publics (UTP). Ces positions lui permettent d’influencer les politiques publiques en faveur des intérêts privés. De plus, le président Emmanuel Macron lui a proposé de prendre la tête de La Poste, succédant ainsi à Philippe Wahl. Cette nomination, qui doit encore être validée par le Parlement, témoigne du soutien de l’Élysée à sa vision du service public.
La solidarité comme réponse
Face à ce système qui privilégie les dividendes au détriment des usagers et des salariés, la solidarité est la seule réponse possible. Les conducteurs de Keolis Nantes ont lancé un appel à la mobilisation générale : usagers, citoyens, travailleurs, unissons-nous pour défendre un service public de qualité, accessible à tous et respectueux de ses agents.
La situation à Nantes est un avertissement : si nous ne réagissons pas, ce modèle de privatisation généralisée s’étendra à d’autres services publics. Il est temps de dire stop à la logique du profit au détriment de l’intérêt général.
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