
Puissant ou misérable , la justice de classe
Ă Nantes comme Ă Paris, la justice ne pĂšse pas de la mĂȘme façon selon le compte en banque. Dâun cĂŽtĂ©, des militants qui fabriquent un homard en papier mĂąchĂ© et lĂšvent quelques parapluies pour dĂ©noncer le gaspillage des Ă©litesâ; de lâautre, des valises de cash et une guerre qui ruinent un pays tout en protĂ©geant leurs acteurs. Entre les deux, un traitement judiciaire qui Ă©crase les humbles et mĂ©nage les puissants.
Nantes â homard, parapluies et planques
Cinq militants furent arrĂȘtĂ©s Ă Nantes en pleine rue, juste avant une manifestation contre la rĂ©forme des retraites. Certains furent mis en examen pour association de malfaiteurs, dâautres comme tĂ©moins assistĂ©s. Guet-apens, filatures, planques, photos volĂ©es : la police a surveillĂ© la fabrication du homard en papier mĂąchĂ© Ă la Maison du Peuple comme si elle traquait un laboratoire clandestin.
Parmi eux, un militant reste la pierre angulaire de lâaffaire sur la base dâune simple prĂ©somption de personnalitĂ© , la fameuse fiche S . Il nâa pas Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© ce jour-lĂ , mais sa prĂ©sence dans le dossier justifie, aux yeux des enquĂȘteurs, tout un arsenal judiciaire. Les parapluies et le homard ont Ă©tĂ© saisis et mis sous scellĂ©s par le juge dâinstruction. Lâinstruction est toujours ouverte Ă ce jour.
Cette affaire illustre parfaitement la logique judiciaire : faute de faits concrets, on invente des intentions, on projette des hypothĂšses de dĂ©lits futurs. Une dĂ©monstration de force disproportionnĂ©e pour intimider et criminaliser lâengagement citoyen.
Paris 2019 â attroupement : simple prĂ©texte
Lors dâune manifestation des Gilets Jaunes le 16 mars 2019 Ă Paris, le militants nantais a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© pour “attroupement en vue de commettre Ă un moment peut ĂȘtre des dĂ©gradations ou des violences”, un chef dâaccusation utilisĂ© comme simple prĂ©texte pour justifier lâarrestation.
- 48 heures de garde Ă vue
- 12 heures au dépÎt du tribunal judiciaire de Paris
- Jugement en comparution immédiate, prononcé à 2h40 du matin par un procureur qui dort littéralement⊠sauf pour requérir la prison ferme.
- 2 mois ferme, avec interdiction de séjour à Paris.
En 2021, le procureur de Nantes sort un mandat dâarrĂȘt international pour exĂ©cuter cette peine â alors que le domicile du militant est connu et se trouve Ă 2 km du tribunal. Un acharnement grotesque, appliquĂ© avec un ton autoritaire : « On tâaura, on te lĂąche pas ».
Loi Travail : Nantes interdit
Pendant les mobilisations contre la loi Travail, le prĂ©fet de Loire-Atlantique interdit au militant de sĂ©journer Ă Nantes au motif quâil serait « dangereux », basĂ© sur un incident vieux de 20 ans â un incendie volontaire dĂ©jĂ jugĂ©. ProblĂšme :
- 1- Le militant habite Nantes !!
- 2- le prĂ©fet nâa aucun droit lĂ©gal de consulter le casier judiciaire, rĂ©servĂ© aux juges et aux enquĂȘteurs.
MalgrĂ© cette illĂ©galitĂ©, le juge administratif maintient lâinterdiction, validant un acte illĂ©gal sans aucune poursuite contre le prĂ©fet. Encore et toujours.
Sarkozy â millions libyens, guerre et secret-dĂ©fense
Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy est rattrapĂ© par lâaffaire du financement libyen de sa campagne de 2007 : des millions en valises provenant de Kadhafi. DerriĂšre ce financement, lâintervention militaire française en Libye en 2011, qui plonge le pays dans le chaos et conduit Ă la mort de Kadhafi.
Interrogé en direct par David Pujadas :
â « Avez-vous fait assassiner Kadhafi ? »
Sarkozy répond, outré :
â « Vous ĂȘtes fou de dire ça ! »
Lâhomme bĂ©nĂ©ficie de lâimmunitĂ© prĂ©sidentielle, du secret-dĂ©fense, et dâun calendrier judiciaire amĂ©nagĂ©. Les soupçons demeurent : pas de Kadhafi, pas de tĂ©moin gĂȘnant, pas de remboursement.
RĂ©cemment, le tribunal lâa condamnĂ© Ă 5 ans de prison ferme. Mais avec un mandat de dĂ©pĂŽt diffĂ©rĂ©, traitement de faveur, privilĂšge du puissant. Ironie du sort : on se demande avec un sourire noir⊠« Que va-t-il sortir du chapeau ce malfaiteur ? Corruption dâun juge ? Maladie soudaine ? »
Deux justices, un seul pays
- Pour les militants : arrestations immédiates, mandats internationaux, interdictions de ville, acharnement policier et judiciaire.
- Pour lâancien prĂ©sident : millions dĂ©tournĂ©s, guerre, mort dâun chef dâĂtat, immunitĂ© et diffĂ©rĂ© pour la prison.
Prison immédiate pour les pauvres. Prison différée pour les puissants.
Comme le rappelait Jean de la Fontaine au 17Ăšme siĂšcles :
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »
Rien a changé ! Virons-les.
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